L'insertion, d'accord, mais en "adéquation avec les objectifs"

Publié le par Le Club Aita

Depuis le 1er janvier 2009, les structures d'insertion par l'activité économique (SIAE) sont soumises à de nouvelles règles de conventionnement avec l'Etat. De ce conventionnement dépend leur financement, avec pour maîtres mots "objectifs" et "culture du résultat". En clair : on n'est pas là pour faire du social !

"On passe d'une logique de moyens à une logique de résultats", indique en introduction le Guide des nouvelles modalités de conventionnement Etat-SIAE, rédigé à l'attention de ces dernières par leur Conseil national d'appui et de ressources (CNAR).

Evidemment, la formule "culture du résultat" n'a rien d'un gros mot. Mais appliquée à des structures dont l'objet est de permettre l'accès à l'emploi des personnes les plus éloignées du monde du travail, elle induit forcément quelques inquiétudes. On ne va pas demander aux structures d'insertion de sélectionner leur public tout de même ? Eh bien si, justement.

Cette invitation figure en termes à peine feutrés dans le texte de la circulaire du 10 décembre 2008, qui fixe les modalités de conventionnement applicables depuis le 1er janvier. Ledit texte conseille sobrement aux SIAE en panne de résultats de "renforcer l'adéquation des publics embauchés avec les objectifs négociés". Limpide.

Concernant ces objectifs, il est rappelé presque à chaque page qu'ils seront établis sur la base d'un diagnostic précis de la situation de chaque structure, et notamment de la réalité du marché de l'emploi sur son territoire. Mais au détour d'un paragraphe, on relèvera tout de même que ces objectifs "ne sauraient être inférieurs à un taux de sorties dynamiques de 60% et à un taux d'insertion dans l'emploi durable de 25% au terme d'un délai de trois ans".

Ce langage abscons est heureusement précisé par la circulaire qui, sous le terme de "sortie dynamique" distingue, donc, l'emploi "durable" (un CDD ou une mission d'intérim de six mois suffit pour bénéficier de cet adjectif), l'emploi "de transition" (CDD ou mission d'intérim de moins de six mois) et la "sortie positive", c'est-à-dire, par exemple, une formation "pré-qualifiante" ou l'embauche dans une autre SIAE...

Une exigence de résultats basée sur des objectifs qui, d'un point de vue qualitatif cette fois, apparaissent fort limités : on voudrait inciter les SIAE à faire du chiffre à n'importe quel prix qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

On imagine mal comment cette réforme pourrait véritablement améliorer la manière de travailler des SIAE, au bénéfice des chômeurs qu'elles accompagnent. Le but, d'ailleurs, n'est certainement pas là. Afficher au final un meilleur bilan comptable, quitte à ignorer les personnes les plus en difficulté, voilà qui semble déjà plus réaliste.

Publié dans Analyses

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