Les chômeurs à Pôle Emploi: "Un besoin pathétique d'écoute"

Publié le par Le Club Aita

Dans son premier rapport annuel remis le 12 mars 2010, Benoît Genuini, médiateur de Pôle Emploi, pointe le "besoin quasi-pathétique de relation personnalisée et d'écoute des gens". Il indique également que l'existence d'une politique active de radiation "relève du fantasme".

Institué en 2008 suite au Grenelle de l'insertion, le médiateur national de Pôle Emploi peut être saisi en cas de réclamation non aboutie au niveau local. Environ 1000 réclamations arrivent ainsi chaque mois sur le bureau de Benoît Genuini, titulaire de la fonction. Sur cette base, il a remis le 12 mars 2010 son premier rapport annuel.

Premier constat: les réclamations ayant pour cause une radiation jugée abusive ne concernent "que 5 à 6% des saisines", indique le médiateur. Selon lui, "l'idée qu'il y aurait une politique de radiation à Pôle Emploi tient du fantasme".

Des propos qui sont en décalage total avec différents témoignages, à l'image de celui rapporté par "Les Confessions d'une taupe à Pôle Emploi". Sorti (hasard du calendrier) deux jours avant le rapport du médiateur, ce livre écrit sous pseudo par un conseiller du service public de l'emploi évoque au contraire la pression mise sur les antennes locales: "Une bonne antenne, c'est une antenne qui radie. En interne, les agents se surnomment les radiateurs. C'est le far west."

Egalement étonnant: le médiateur se dit "frappé par la soif de communication" des usagers et leur besoin "quasi-pathétique de relation personnalisée et d'écoute". On peut comprendre que les agents, qui suivent parfois 200 demandeurs d'emploi, n'aient pas le temps d'apporter à chacun l'écoute demandée. De là à s'étonner de ce besoin de suivi de la part de chômeurs confrontés à un marché de l'emploi en pleine déconfiture, il y a un pas que le médiateur franchit sans doute hâtivement.

Car il serait injuste de limiter ce rapport à ces quelques phrases. Dans le même temps, le médiateur plaide en effet pour "plus de bon sens et d'humanité" dans les relations entre les usagers et Pôle Emploi. Il recommande ainsi de revoir la formulation des courriers envoyés aux demandeurs d'emploi: "Il y a beaucoup de courriers-type pré-imprimés d'une telle sécheresse qu'ils sont vécus comme une agression", argumente-t-il.

Publié dans Analyses

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