Une politique de l'emploi qui reste soumise à la croissance

Publié le par Le Club Aita

Objectif plein emploi. La "lettre de mission" adressée par Nicolas Sarkozy à Xavier Bertrand, et rendue publique début août, assigne au ministre du Travail la tâche de ramener le taux de chômage à 5%.

Parmi les pistes d'action que le Président soumet à son ministre, on note la volonté de "simplifier et unifier le cadre juridique du contrat de travail" et de "faciliter les transitions entre les emplois, en permettant la transférabilité des droits associés au contrat de travail, notamment en matière de formation professionnelle et de garanties collectives".

Si cette volonté de simplification est louable, reste à définir le mètre-étalon de ce contrat de travail nouvelle formule. Le fait qu'il puisse s'inspirer du contrat nouvelle embauche, qui prévoit une période d'essai de deux ans, a déjà été évoquée. Une piste qui risque de se heurter à deux obstacles de taille : tout d'abord une très forte opposition syndicale (on se souvient des mouvements sociaux qui, au printemps 2006, ont conduit à l'abandon du CPE) et une inconnue sur la validité juridique de cette disposition. Plusieurs tribunaux ont été effet jugé illégale la possibilité de licencier un salarié sans motif pendant une période de deux ans. 

Plus largement, une modification, même d'envergure, du cadre juridique du travail apparaît comme une mesure insuffisante pour atteindre l'objectif fixé. En fait, l'autre volet de l'action publique de lutte contre le chômage se situe dans la politique fiscale du gouvernement. Présentée dans le projet de loi "travail, emploi et pouvoir d'achat", cette dernière a pour but de créer un "choc de confiance qui peut propulser la croissance" pour "ensuite favoriser l'emploi", a précisé Christine Lagarde, ministre de l'Economie.

D'abord la croissance, ensuite l'emploi : on retrouve là une équation classique... bien qu'elle n'ait pas vraiment fait la preuve de son efficacité. La faute, justement, à une économie atone ? Possible. Mais dans ce cas, comment expliquer que de nombreuses entreprises, pourtant largement bénéficiaires, continuent de licencier massivement ? Et que faire des chômeurs de longue durée qui, croissance ou pas, n'atteindront jamais, dans le cadre d'une économie de plus en plus sélective, la barrière dite de "l'employabilité" ?

Ces questions plaident dans le sens d'un inversement de logique, où la création d'emplois serait le préalable (et non la conséquence) de la croissance économique. Ce qui ne semble pas à l'ordre du jour.

Publié dans Analyses

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